Remise en état d'un voilier de 1978

L’idée de rénover un bateau entre ami.es, est venue avec l’envie de se lancer dans quelque chose que nous ne connaissions pas, ou peu. La moitié de l’équipage n’avait jamais navigué, et la majorité était à ce moment-là des bricoleurs du dimanche.

Le 28 décembre 2023, nous achetons un ketch atypique (voilier à deux mâts) de 10 mètres construit en 1978. C’est dans un chantier en Bretagne Sud que l’aventure commence !
Nous avons l’hiver pour le retaper afin de le mettre le plus vite possible à l’eau et faire le tour de la Bretagne pour le ramener chez nous au printemps. Durant ces mois intenses, nous avons de nombreuses missions pour le rendre navigable : changement du moteur et des hublots, restructuration totale des poulies du safran, réfection des planchers, plomberie, électricité…

Nous faisons la découverte que notre bateau a coulé avec le précédent propriétaire. Mais nous constatons la solidité du voilier et l’efficacité de notre travail de groupe. Chacun s’attribue des tâches, tout en restant disponibles afin de s’entraider les uns, les unes, les autres.

C’est comme ça, que nous : Alice, Antoine, Elouan et Julien, nous retrouvons heureux propriétaires d’un voilier, bientôt prêt à voguer sur les mers. Nous vous écrivons d’ailleurs depuis l’Espagne !

Mais avant cela, faisons un retour en arrière, dans un chantier en Bretagne Sud pour découvrir la naissance du voilier “Colette”.

Étape 1: Le moteur

L’ancien propriétaire utilisait comme moteur un Hors bords de 15cv fixé sur une « chaise » de fortune à l’arrière du voilier. Ça n’est ni adapté, ni sécurisant en cas de problème en mer. Nous décidons dès l’achat d’équiper Colette d’un nouveau moteur in-board. Nous commençons par sortir l’ancien, rongé par la rouille. De l’huile de coude et une bonne dose de WD-40 plus tard, les boulons les plus tenaces se dé-grippent et nous parvenons à le désolidariser de son support. Pour l’extraire, nous construisons un « rail » en bois puis nous le faisons glisser jusque sous la descente avant de le faire grûter hors du voilier. Un gros nettoyage s’impose dans la cale moteur inondée de crasse.

Par chance, dans le chantier où nous sommes, ils vendent un moteur d’occasion d’une puissance adapté à notre bateau. Après un chèque, un petit entretient et le changement de quelques durites, le voilà en place, ce beau moteur jaune qui remplace son prédécesseur.
Les premiers contre temps arrivent vite, l’ancien arbre d’hélice n’est pas adapté, nous l’emmenons chez un tourneur-fraiseur qui recopie la forme de l’existant dans un plein d’inox plus long. Vient ensuite l’alignement du moteur avec l’arbre d’hélice, c’est une étape délicate et très importante, ils doivent être parfaitement dans le même axe. C’est laborieux, on tâtonne, on fini par rehausser le moteur sur des cales et l’alignement nous semble correct. Le mécanicien du chantier vient vérifier pour nous rassurer, c’est bon !

Hormis la durite d’échappement et la commande de gaz, nous ne pouvons rien garder de l’ancien moteur. Nous changeons le passe coque et la vanne d’arrivée d’eau rebouchés au mastic par l’ancien propriétaire. Nous installons le nouveau panneau de commande sous la descente pour le garder à l'abri des intempéries et nous câblons le moteur à sa batterie. Nous trouvons ensuite une place à tous les accessoires : filtre diesel à décantation, anti-siphon, filtre à eau de mer, waterlock…

Avant de relier la cuve de diesel au moteur, nous installons laborieusement une trappe de visite pour nous permettre de la nettoyer car elle s’avère très sale…
Une fois le moteur amorcé, vient enfin le moment de mettre Colette à l’eau pour les tests… Il démarre, le ralenti tourne bien, l’accélération est bonne, on fait des ronds dans l’eau de la Vilaine tout euphoriques. Colette flotte et possède un moteur plus que fonctionnel, l’aventure peut continuer !

Étape 2: Le mécanisme de barre à roue

Si nous voulons pouvoir naviguer sereinement nous devons réparer le mécanisme qui permet de faire pivoter le safran en tournant la barre à roue. Les planches sur lesquelles sont fixées les poulies du système sont en grande partie pourries depuis que le bateau a coulé.

Nous décidons alors de tout démonter et c’est Elouan qui s’y colle. Les écrous qui fixent les poulies sont grippés à cause de la rouille, ils finissent par bouger après un grand coup de WD-40. Ensuite, nous arrachons les planches fibrées à la coque, avant de refaire une structure en contreplaqué marin fixé avec de la résine polyester et de la fibre de verre. Nous appliquons dessus 2 couches de peinture de cale pour protéger le bois. Nous revissons toutes les poulies et nous remettons en place le mécanisme. Au bout du compte, la structure est solide et le système fonctionne parfaitement. Colette peut tourner !

Étape 3: L'aménagement extérieur

Avant la remise à l’eau du voilier, il faut impérativement finir tous les travaux relatifs à la coque.

À l’arrière du bateau, la coque est troué. La chaise qui supportait l’ancien moteur hors bord l'a sévèrement endommagé. Nous découpons alors proprement autour du trou, ponçons puis rebouchons avec des tissus de fibre verre tressé. Après 6 couches de fibres, du mastic et à nouveau du ponçage, la paroi est enfin solide, lisse et prête à accueillir la nouvelle peinture.

L’ancienne peinture de coque étant mal faite et usée, nous décidons de la refaire. Nous passons plusieurs jours à poncer l’intégralité de la coque et à la préparer pour la peinture. Après plusieurs couches de peinture, la coque est enfin propre. Désirant un bateau joli et original nous dessinons des bandes de couleurs et des stickers « Colette » dans un style rétro que nous faisons imprimer et que nous collons. Dans le même temps, nous faisons le carénage du bateau : appliquer une peinture spéciale qui recouvre la partie immergée du bateau. Elle se dégrade avec le temps pour protéger la coque des coquillages et des algues qui s’accumulent.

La circulation de fluides entre l’intérieur et l’extérieur du bateau se fait via des passes coques, certains fuient, d’autres sont en très mauvais état. Nous avons donc remplacé les plus problématiques avec le plus grand soin pour éviter les voies d’eau.

Les hublots sont eux aussi en mauvais état, craquelés ou dépolis par le temps. On les remplace tous pour apporter de la lumière à l'intérieur et stopper les infiltrations d’eau. Par soucis d’économie nous commandons des plaques de PMMA (c’est un plastique naturellement transparent) que l’on découpe à la scie sauteuse aux mêmes formes que les anciens hublots, c’est fastidieux mais concluant. Nous les fixons avec des écrous et une bonne dose de colle silicone. Nous sommes satisfait de notre travail, les hublots sont propres, étanches et la lumière pénètre enfin le bateau.

Nous avons aussi fait divers travaux mineurs : le remplacement des pièces cassées comme les grilles d’aération, ou les manches à air, le vernissage des boiseries extérieures, la fabrication d’une nouvelle porte d’entrée…

Colette est pimpante et ne prends plus l’eau !

Étape 4: L'électricité

En termes d’électricité c’est bien simple : rien n’est fonctionnel. L’ancien propriétaire s’était fait une installation portative de fortune qui n’est absolument pas adaptée au voilier et à nos besoins. Antoine s’attelle alors à faire revivre l’installation électrique d’origine en gardant un maximum d’équipements possibles.

Après avoir élaboré des plans et réfléchi à notre consommation, nous commençons par acheter de nouvelles batteries 12 volts : une batterie au plomb de 95Ah qui sert uniquement au démarrage du moteur et deux batteries auxiliaires au lithium de 110 Ah. Branchées en parallèle, elles alimentent tout ce qui est confort et sécurité. Nous installons aussi un petit circuit 220v pour nous permettre la recharge des batteries et l’utilisation d’appareils domestiques lorsque nous sommes à quai. Pour recharger les batteries nous équipons aussi le voilier d’un panneau solaire de 175 w et d’un chargeur booster qui nous permet de charger les batteries auxiliaires dès que le moteur est en route.

Nous installons au plus proche des batteries dans la cabine arrière différentes coupes circuit et fusibles pour sécuriser l’installation. Le tableau électrique est désuet et trop petit, on se lance alors dans la confection d’un nouveau.

Pour la sécurité et l’aide à la navigation, il nous faut installer divers équipements indispensables. Pour naviguer de nuit, nous achetons et installons de nouveaux feux. Pour communiquer avec les secours et émettre des appels d’urgence, nous branchons une VHF/ASN et nous la relions à l’antenne en place. Pour pallier d’éventuelles entrées d’eau, nous réparons la pompe de cale manuelle et nous installons une pompe vide cale électrique ainsi qu’une alarme de niveau d’eau. Pour connaître la profondeur d’eau et notre vitesse, nous installons de nouveaux capteurs reliés à un écran sur le pont. Pour nous permettre de remonter l’ancre à moindre effort, nous remettons en route le guindeau en changeant le boîtier de commande et sa télécommande. Pour ne pas avoir à tenir la barre inlassablement nous nous lançons dans la réparation du pilote automatique. Les fiches sont oxydées. Après les avoir généreusement arrosé de WD-40 nettoyant contact, l’électricité circule à nouveau. Nous démontons le système mécanique, une pièce est cassée, nous la remplaçons par une pointe en inox, ça fonctionne…

Pour notre confort à bord, nous installons des prises usb dans les cabines avant et arrière, ainsi que des prises à recharge rapide pour la table à carte, indispensable car nous utilisons une tablette tactile comme GPS. Nous modifions les circuits électriques pour les luminaires et ajoutons des interrupteurs permettant leur allumage depuis des endroits pratiques. Le voilier est équipé d’un réfrigérateur qui semble désuet mais nous le réparons en bricolant un peu le câblage. Il n’est pas de dernière génération, et consomme beaucoup mais nous préférons le garder jusqu’à son dernier souffle.
Après tout ce long bricolage électrique, l’installation s’avère fonctionnelle et pratique, que la lumière fut !

Étape 5: La plomberie

À l’origine Colette est équipée de deux vaches à eau de 150L sous les banquettes, d’une double vasque dans la cuisine et d’un lavabo/douche dans la salle de bain. Pour plus de confort nous avons décidé de poser un grand évier dans la cuisine, une pompe à eau puissante et une douchette à l'arrière. Nous avons aussi ajouté une pompe à pied raccordée sur une double vanne à un passe-coque nous permettant de choisir entre eau de mer et eau des cuves afin de faire des économies d’eau.

Les cuves sont vite devenues un dossier. Comme le réservoir de diesel, il a fallu les ouvrir et leur créer des trappes pour pouvoir les nettoyer. Julien a donc pris sa perceuse et ses nombreux forêts, accompagnés de WD-40 pour éviter l’échauffement au perçage sur les 1.5mm d’inox marin. Après de nombreuses heures à la perceuse avec des forêts de basse qualité et quatre découpes à la scie sauteuse, les trappes étanches étaient posées. Nous avons pu commencer un long nettoyage, avec de nombreux rinçages. Il a fallu ensuite raccorder les cuves entre elles, à la pompe à eau et aux différents points d’eau. Évidemment les cuves ne se sont pas avérées étanches, et les trappes de visite nous ont été très utiles pour placer laborieusement du joint à l’intérieur des cuves.

Malheureusement elles ne sont toujours pas parfaitement étanches aujourd’hui et à chaque plein d’eau nous retrouvons un peu d’eau douce dans les fonds de cale. Nous pensons un jour les découper sur le dessus et y déposer des cuves à eau souple (car sortir ces vaches à eau serait trop compliqué (elles sont fibrées au bateau).

Nous avons aussi dû nous occuper du dossier « toilette ». Nous les avons lavées, puis nous avons changé les joints. Mais elles ne fonctionnaient pas, et le seau a été notre meilleur allié pour les remplacer… Et puis un jour au détour d’un ponton nous avons mis la main sur le même modèle de toilette mis au rebut par un autre plaisancier. Avec du courage et une bonne paire de gants, nous avons pu récupérer des pièces de rechange pour nos toilettes. Merci la récup’ les toilettes sont réparées ! Et l’eau coulait sous le pont ! (du bateau).

Étape 6: L'acastillage

Lorsque nous avons acheté le bateau, il se trouvait à sec, et l’objectif était de le rendre navigable le plus vite possible. Nous avons donc fait du tri et du rangement, arrangement, dans les différentes pièces d’accastillage du pont. Il faut aussi ré-étanchéifier le pont, car par les chandeliers (tige métallique qui tiennent la barrière) ainsi que par d'autres pièces d’accastillage, l’eau s’infiltre. Nous devons tout démonter pour reposer du joint, mais la météo bretonne ne nous facilite pas la tâche. Aussi entre les manilles rouillées, les cadènes bloquées par le sel, et les poulies qui ne tournent plus sous la mousse, il a fallu user de dégrippants et d’huile de coude. Chaque poulie a eu le droit à une injection de WD-40 en profondeur. Il y avait de nombreux bouts à remplacer, et nous avons dû racheter un génois (voile d’avant) sur un site de voile d’occasion pour remplacer le vieux génois qui pourrissait sur place. Nous avons ajouté une girouette en tête de mat (c’est haut !)

Encore aujourd’hui l'entretien de l’accastillage est un point essentiel de la vie à bord. Un an après la mise à l’eau, le winch de bosse d’empointure (pièce qui sert à décupler la tension sur un fil) était complètement bloqué. Un nettoyage complet s’est avéré nécessaire. Le produit WD-40 c’est montré très efficace pour chasser la crasse des différents éléments et séparer les pièces les unes des autres. Après un bon coup de graisse marine, le winch est comme neuf ! Et la grand-voile peut être tendue !

Julien sort sa machine à coudre et nous confectionne deux sacs à voile appelés Lazy Bag, qui permettent de ranger proprement les voiles lorsqu’elles ne sont pas utilisées.

La grande voile est accrochée au mât par de petits chariots en plastique qui coulissent (plus ou moins bien) dans une gorge du mât. Pour faciliter le hissage de la grande voile nous avons utilisé le produit WD40 silicone dans la gorge.

Depuis le début de l’aventure nous utilisons la chaîne et l’ancre pour « mouiller » dans des lieux sauvages en toute tranquillité (et faire au passage quelques économies sur les ports). Nous avons pour ça deux chaînes raccordées par deux manilles en guise de mouillage. A chaque montée et/ou descente de la chaîne les manilles se coinçaient dans le passage du guindeau (un trou dans le pont). Nous avons donc remplacé les deux manilles rouillées par un anneau de chaîne ouvert. Nous aimerions raconter que le produit WD-40 nous a encore sauvé la mise pour ouvrir les deux manilles rouillées, mais la vis de l’une d’entre elle a cédée. Nous avons donc dû la découper à la meuleuse pour la remplacer. Avec ce système, plus aucun souci à se faire pour aller mouiller dans des lieux en pleine nature !

Étape 7: L’aménagement intérieur

Le but de notre aménagement est de recréer un beau bateau fonctionnel et agréable à vivre pour quatre personnes. Au début des travaux, nous établissons ensemble une charte de couleurs, un univers, et une composition d’aménagement cohérent avec nos goûts et les espaces que nous offre Colette.

Le voilier est composé d’un lit breton à l’avant, d’un grand carré, d’une cuisine et d’une salle de bain menant jusqu’à la grande cabine arrière. Le moteur se situe au milieu du bateau, ce qui facilite son accès ( et on en a bien besoin !).

Au début des travaux, nous retirons tout ce que nous jugeons superficiel afin d’avoir une vue d’ensemble. Il faut alors s’atteler à l'extraction de tous les plafonds et des planchers, avant de les poncer intégralement, puis de les vernir, teinter ou peindre. À l’interieur, ponceuse à la main, nous reduisons en pourcière tout le blanc mal peint de l’ensemble des surfaces avant de pouvoir repeindre.

Par cohérence, nous choisissons de repeindre l'intérieur de la même couleur que la coque du bateau : un blanc crème que nous équilibrons avec un rouge orangé. Nous récupérons aussi un maximum de boiseries disparues sous la peinture blanche.

Nous rétrécissons les banquettes du carré qui rendaient difficiles le passage. Aussi, nous découpons des mousses et Julien leur coud des housses oranges à l’aide de son savoir-faire en couture. Nous posons du liège sur certaines parois et plafonds afin d’isoler au mieux, puis nous peignons l’ensemble aux couleurs du voilier.

La cabine avant est un lit breton (ouvert sur la pièce de vie). Afin de séparer ces deux espaces, nous cousons de beaux rideaux à motifs. Elouan construit des tables de nuit sur-mesure que nous fixons de part et d’autre du lit.

La cabine arrière est spacieuse, et offre un grand lit deux places, deux banettes, une table centrale et des équipets. Nous préférons sacrifier une banette pour ajouter une penderie, et un grand rangement pour notre matériel de glisse. Par manque de temps, cette partie du bateau est tout de même encore à peindre. La salle de bain mérite elle aussi un rafraîchissement.

Les travaux d'aménagement intérieur nous apportent beaucoup de satisfaction de par le rendu propre et “fini” qu’ils apportent directement.

Colette est maintenant chaleureuse et agréable à vivre.

Étape 8: La finalité

Nous avons optimisé et recréé au mieux les aménagements parfois endommagés, inexistants ou vieillots. Ce gros travail d’équipe nous a permis de créer une Colette à notre image, et de rendre ce ketch tout à fait vivable pour nous quatre. Il nous reste encore pas mal de travaux à faire : repeindre et renforcer le pont, réparation des cuves, changer la grande voile, rafraîchir la cabine arrière et la salle de bain.

Mais toute cette huile de coude n’a pas été utilisée sans but, nous voilà aujourd’hui dans les eaux espagnoles à profiter des aménagements de Colette. Nous espérons voguer dans d’autres mers ensemble aussi loin que le vent nous portera.

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